Oh Wow!!

season 2 · episode 1

Intro – Léo :
Bonjour, c’est Léo Tremaine et bienvenue dans Oh Wow!! le podcast où je rencontre les personnes qui me font vibrer le cœur et la voix.
Je suis trop content de vous retrouver, trop content qu’on reprenne cette aventure ensemble, et je vous ai préparé plein de choses : des nouveaux formats, des invité·e·s en or
et des tas de surprises.

Pour lancer cette saison deux, j’avais envie de retourner un peu en arrière.
J’avais envie de partager avec vous une table ronde que j’ai eu la chance et le plaisir de mener à Ground Control.

Alors, un peu de contexte :
on est en juillet 2023, la saison deux de Drag Race France vient de commencer – quatre épisodes sont sortis – et juste avant une Blu·e Velvet, j’ai le plaisir d’accueillir HitsuBlu, l’hôtesse de la soirée, Freya Kor de Bordeaux et Elips de Bordeaux, également, candidate de la saison un de Drag Race France.
Ensemble, on va parler de l’impact que Drag Race a pu avoir sur la scène drag.

Cet épisode a donc été enregistré en live et en publique dans le Charolais Club de Ground Control et je vous en souhaite une très bonne écoute.


Léo
Bonsoir, le Ground Control !!
Ça fait trop plaisir ! Merci d’être là pour ce petit moment d’échange.

De quoi on va parler ? On va parler de drag, évidemment. Et puis on va surtout parler de Drag Race, et de quel impact l’émission peut avoir sur un milieu comme le drag, qui reste un milieu émergent.

Je ne vais pas en parler tout seul, j’ai invité trois artistes drags absolument exceptionnel·le·s : HitsuBlu, Freya Kor et Elips !

HitsuBlu
Merci de l’invitation !

Elips
Bonsoir !

Freya
Oui ! Bonsoir !

Léo
Est ce qu’on se fait un petit tour de présentation ?

Freya
Grave !

Elips
Eh bien je suis Elips, drag queer. J’ai participé à la saison une de Drag Race France et je suis ravi·e d’être ici.

Freya
Moi, c’est Freya Kor, première légendaire autoproclamée avant Drag Race, maintenant bordelaise, anciennement parisienne. Pour ceux qui me connaissent d’avant.
Et voilà. Ravi d’être là. Merci Léo de nous recevoir.

Hitsu
Et moi, ô surprise, HitsuBlu ! Artiste drag de Paris qui host une petite soirée qui s’appelle Blu·e Velvet sur cette scène une fois par mois.

Léo
Alors Drag Race c’est quand même quinze saisons aux US et douze franchises dans le monde, deux émissions internationales maintenant et deux saisons en France. Et ça a quand même inspiré pas mal de gens à lancer leur carrière dans le drag.

Est ce que ça a été votre cas ? Est ce que vous avez découvert le drag à travers Drag Race ou est ce que c’est un truc que vous connaissiez d’avant, toustes les trois ?

Hitsu
J’ai connu le drag avant Drag Race. Puis, j’ai découvert Drag Race. Puis j’ai oublié ce que c’était. (rires)
J’avais découvert Drag Race parce que j’avais téléchargé tout à fait légalement des épisodes de Face Off – un autre concours de maquillage – et je me suis retrouvé·e avec un épisode de Drag Race à la place. Je me suis dis “Oh, cool des travelos !”
Et puis j’ai un peu oublié le truc, que j’ai redécouvert bien plus tard.

En même temps, j’ai découvert la scène parisienne. Et c’est plutôt la scène parisienne qui m’a donné envie. Je me suis dit tiens, je peux, je peux aussi essayer de faire moi-même et j’ai mis un moment avant de faire des show.
Et puis puis voilà.

Elips
Je pense que j’ai découvert le drag, pas forcément via Drag Race, mais je l’ai découvert sans savoir que c’était du drag. Dans des émissions ou dans des films, où je pense que ce sont des personnages qui s’apparentent à du drag, mais sans que je mette le mot “drag” dessus.

Après, j’ai beaucoup mieux compris ce qu’était le drag via Drag Race.
Et surtout, en sortant en soirées drag sur Bordeaux et en rencontrant des drags. À force de rencontres ça m’a donné envie de me lancer.

Freya Kor
Moi, c’est un peu différent. Je viens de région parisienne, dans les cités du 94 et 93.
Quand j’étais un petit bébé, je n’étais pas du tout familiarisé avec le queer, le drag ou quoi que ce soit. Donc, je suis un vrai bébé de Drag Race et j’ai découvert avec la saison six ou sept – saison sept, la meilleure pour moi.

Pour moi, ça a été le premier contact réel avec le drag. Je n’ai pas du tout grandi avec.
Dans ma famille on n’est pas du tout queer ou ouvert d’esprit de manière générale.

Du coup, c’est Drag Race qui a vraiment insufflé le truc. Ça m’a donné envie de sortir dans les soirées. Mais j’étais en placard à l’époque, j’étais en relation avec une femme.
Donc long way to go. Mais au final, on est là !

Léo
Et ça vous a fait peur quand ils ont annoncé Drag Race en France ? Vous l’avez accueilli comment cette annonce ?

Elips
Ça ne m’a pas fait peur pour le drag en France. Je me suis dit que ça allait pouvoir être une bonne plateforme pour démocratiser un peu ce milieu qui n’est pas hyper populaire. Après, j’avais peur que ce soit mal fait et j’avais peur de possiblement candidater.

Freya
Qu’est ce qui a fait la différence du coup ? Qu’est-ce qui a fait que tu as candidaté malgré tes peurs ?

Elips
Je me suis dit : “c’est une occasion en or, quand même, de pouvoir montrer son travail, de pouvoir évoluer artistiquement. Et quoi qu’il arrive, c’est une expérience aussi de faire un casting, de voir comment ça se passe, les étapes, les formulaires, les vidéos envoyées.
Et puis on verra ce qui va se passer. Mais l’opportunité est trop grande pour passer à côté”.

HitsuBlu
Ça m’a fait un peu peur, quand même, pour la pour la scène drag en général. J’avais assez de peur que les gens n’aient plus que la vision de Drag Race, que les booking n’aillent qu’aux personnes qui ont fait l’émission – ce qui a été le cas au tout début, avec quelques trucs. J’ai eu pas mal d’annulations. de bookings où on te dit : ”ah t’es pas pris·e dans Drag Race… du coup, on va prendre quelqu’un d’autre.”
Ça a été un peu dur, mais on a une belle communauté drag en France en général. On est toustes assez intelligent·e·s pour faire les choses bien et faire en sorte que ça apporte à nous toustes et pas uniquement à une chaîne télé.

Léo
Oui, parce que quand on voit aujourd’hui tout ce qui a pu être créé après Drag Race justement. Il y a quand même eu quelques jolies opportunités.
Fresh news, il y a trailer de The Walking Dead qui est sorti avec Paloma. On s’attendait pas à voir un jour une drag queen dans The Walking Dead et française, qui plus est.
Elips, tu as l’impression qu’il y a eu beaucoup de choses qui se sont débloquées pour vous après ?

Elips
Oui ! Effectivement voir Paloma dans Walking Dead, c’est quand même quelque chose ! C’est assez incroyable.
Déjà une drag, une personne queer, une personne française, qu’on connaît, dans quelque chose qui nous paraît aussi assez inaccessible… une des séries américaines les plus connues.

Nous, ça nous a débloqué des expériences que je n’aurais jamais pensé faire. Comme performer aux Victoires de la musique, performer à la cérémonie des Molières, …

Je pense que c’est important dans des cérémonies comme ça, qui ne sont pas très queer par essence – il y a des artistes queer, mais je pense que le public qui regarde et qui est majoritairement hétéro – c’est important de montrer des personnes queer, des drags. Même si c’est un passage éclair, ça apporte à la communauté et ça peut faire évoluer les choses.

Et après ? Professionnellement évidemment, faire une tournée, pouvoir – en tant qu’artiste du spectacle – atteindre l’intermittence. En tant qu’artiste drag être intermittent·e, c’est super.

Léo
Et c’est quoi pour vous, les enjeux d’une émission pareille ? Parce que mettre le drag avant, c’est déjà un bel enjeu. Mais qu’est ce que vous voudriez que ça puisse apporter ?

Freya
Je pense que ce qu’iels ont réussi dans la première saison autant que dans la deuxième, c’est de véhiculer de la tolérance, de l’acceptation sur tous nos combats.
Depuis le début de la deuxième saison, il y a eu des sujets comme les thérapies de conversion, la transidentité, même la dépression très présente dans notre communauté.

De pouvoir partager ça, de pouvoir le dire, mettre des mots dessus et possiblement aider des plus jeunes générations… Je trouve que c’est franchement pas mal de le faire sur France 2


Hitsu
C’est fait respectueusement, je pense. Les personnes qui s’occupent de Drag Race France ont l’air de vouloir faire les choses correctement, de respecter les artistes, de respecter les communautés en général.

Bien sûr, il y a du montage qui fait qu’on peut calculer quand on met les choses.
Mais on voit que ça vient du cœur, c’est sincère. Les gens ne parlent pas pour parler
Ça fait aussi que les messages vont mieux être transmis à des gens qui sont moins concernés. Parce que les personnes concernées sont contentes de les entendre, mais l’important, c’est que ça transmette mieux le message à des gens moins concernés.

Léo
C’est la force de Drag Race. C’est la force des shows aussi.
Quand on a parlé de faire la Blu·e Velvet ici – on l’a fait parce que c’est là qu’Hitsu a fait sa première scène et c’est une très belle histoire – mais aussi parce que Ground Control c’est un lieu qui mixe beaucoup de gens très différents et qui amène des personnes qui ne sont pas forcément familières avec le drag. Et ça c’est un pouvoir.

Elips
Totalement, l’émission arrive à rester divertissante et légère tout en abordant des sujets graves et importants.

Et je trouve que c’est aussi représentatif des show drag, qui sont très politiques et en même temps, on est là pour divertir, on est là pour le spectacle. En ça, l’émission, elle a réussi quelque chose.

Léo
Personnellement, je différencie un peu les fans de drag et les fans de Drag Race.
Parce que c’est quand même une émission télé avec ses codes et on se confronte à des personnes qui sont fans d’une version un peu plus codifiée du drag.
Elips, c’est quelque chose que tu as déjà ressenti ?

Elips
Je ne sais pas trop.
Ça dépend tellement des rencontres, des personnes. Après, on voit directement quelqu’un qui connaît que le drag via l’émission parce qu’il y a quand même des stéréotypes qui sont véhiculés.

Plein de personnes qui connaissent Drag Race, et qui par exemple ne savent pas que les drag kings, ça existe. À partir de là, on voit qu’il y a du chemin à faire auprès des personnes qui ne regardent que l’émission.

Hitsu
On le voit peut-être plus quand on n’a pas fait Drag Race, justement.
Parce qu’Elips, tu dois avoir de tout, tout le monde est mélangé.

Les gens qui sont fans de l’émission, vont surtout mettre sur un podium celles qui l’ont faite et pensent beaucoup que celles qui ne l’ont pas faite sont moins bonnes. Quand on n’a pas fait Drag Race, on se prend des réflexions sur le fait qu’on n’est pas assez bonnes pour le faire, qu’on ressemble à unetelle, qu’on va faire comme telle ou telle personne parce qu’elle a fait Drag Race.

Freya
Puis il y a aussi l’émission en elle-même qui est mise sur un piédestal.
Pour les gens qui regardent Drag Race, ça devient un peu l’Eldorado, il faut absolument le faire.

Moi, par exemple, je n’ai pas postulé pour la première saison. Parce que j’avais très peur du résultat. Je ne savais pas comment ça allait être produit, avec qui j’allais être – mais ça… bon, pas le choix. (rires) Mais c’est vrai que quand je disais que je ne postulais pas cette année, on me demandait beaucoup pourquoi.

Je ne me sentais pas prête, je n’avais pas le budget, ni le mental pour.
Et les gens nous regardent avec des gros yeux, en nous disant qu’ils ne comprennent pas.

Et là, quand je dis que oui, je pense que je vais auditionner pour la saison trois, iels disent “trop bien, ce serait trop bien que tu y ailles, mais j’aimerais pas que untel ou unetelle participe” et on commence à comparer un peu tout, tout le drag.
Alors que ce qui fait la richesse du drag c’est justement sa diversité.

Hitsu
Et puis, tout le monde n’est pas fait·e pour faire les concours, il y a ça aussi.
Les gens oublient que c’est une téléréalité, mais ça reste un concours.
C’est pas parce que t’es coiffeur·euse, que faire tu vas faire tous les concours de coiffure, tous les fleuristes ne font pas des concours de fleuristes.
Ça ne définit pas ta valeur.

Ça reste un concours. C’est très dur. Ça demande un mental d’acier.
Et les gens ont tendance à oublier aussi que derrière le drag, il y a des vrais personnes qui ont potentiellement des problématiques. Qui n’ont pas forcément toute la confiance qu’on peut mettre dans trois minutes de performance.

Freya
On en parle du dernier épisode de Drag Race ?! (rires)
Vous avez regardé l’épisode d’hier ? Vous avez vu Cookie ? Tout ce qui s’est passé sur les réseaux sociaux, toute la haine qu’elle a reçue ?

Hitsu
N’allez pas sur Twitter, sauf pour le porno, sinon n’allez pas sur Twitter.

Et on a beau dire “oui, mais tu n’as qu’à pas regarder”. En fait, on sait que les messages sont là. Même sans avoir lu la phrase complète, le simple fait de savoir qu’on nous a jeté de la haine à la gueule et que ça peut prendre des proportions énormes, surtout qu’on a fait une émission, ça blesse.
Il faut vraiment être très préparé·e pour ça – ou avoir une très bonne psy qui nous suit en même temps.

Léo
On dit que Drag Race c’est les jeux olympiques du drag, et plus je côtoie des drags, plus on parle de ce qu’il faut pour faire Drag Race, plus je m’en rends compte qu’il faut une préparation, qu’elle soit physique ou mentale.

Ça demande un entraînement.

Rien que le talent show par exemple… On te demande d’arriver avec un talent en plus, que tu as développé toi… et qui est original… et qui sort du lot. Alors qu’en fait, faire du drag, c’est déjà un talent.

Elips
Totalement. Et ce qu’on ne sait pas forcément, c’est la temporalité de tout ça. On a un mois pour tout préparer, dont le talent show. Du coup, une émission entière avec une quinzaine de look. C’est vraiment très intense.

Et effectivement, c’est pas du tout un format qui est fait pour tout le monde. Et ça ne veut pas dire qu’il y a des artistes qui sont moins bon·ne·s que d’autres.

Ça veut dire que c’est un format de compétition et que c’est dur, C’est hyper dur. C’est très fatiguant. On ne dort pas beaucoup faut être accroché·e.

En un mois, on n’a pas le temps de se préparer pour tout ça. On prépare matériellement tout ce qu’on doit emmener, mais psychologiquement, c’est difficile de se préparer.

Freya
Tout s’enchaîne, en plus. Il n’y a pas de pause. C’est le mois de préparation, ensuite le tournage, puis les photos, les rencontres presse, le reveal du cast, la diffusion et les viewings parties, la tournée…

Hitsu
Même le casting avant la préparation. Moi j’ai pas été pris·e dès la première étape, donc ça a été vite réglé. Mais une fois que t’es pris·e à la première étape, tu as la deuxième qui arrive très vite derrière, puis potentiellement la troisième.

Au final, tu es pris·e dans un torrent de “faut que je me presse pour faire des trucs”, on se met une pression de malade parce qu’il faut montrer le meilleur de soi-même en tant que drag et en tant que personne.
Parce qu’iels veulent aussi des personnes qui peuvent passer à la télé. Si c’est juste des gens qui sont mous, ça ne marche pas non plus.
Ça reste une émission. Les castings commencent en octobre et tu sors de la tournée en octobre l’année d’après.

Freya
J’avais croisé Piche à Kryolan en janvier, c’était juste avant le tournage.
La gueule qu’elle avait… elle était fatiguée. (rires)
Après, madame Piche est quand même belle out of drag, évidemment.
Mais quand je l’ai vue, on s’est fait un petit câlin et tout. On a parlé un petit peu et je me suis rendu compte un peu de l’état psychologique dans lequel ça te met.

Après, je pense que c’est ça en même temps qui te met la niaque. Mais c’est vrai que psychologiquement, moi, je ne sais pas si je suis armée pour le faire.

Elips
Il faut que le stress et la fatigue te poussent à aller vers le haut, et parfois, elle te tire vers le bas. Pendant la préparation, je me suis mis·e dans des états… à pleurer toutes les larmes de mon corps en me disant “Qu’est ce que je vais foutre là bas ? Je n’arriverai jamais à tout faire.”

Il faut aussi être bien entouré·e dans ces moments là.

Léo
Surtout que vous êtes la première génération française. Il n’y avait personne pour vous dire “ça va être chaud” alors que maintenant celles qui suivent l’ont un peu plus en tête.
Vous vous êtes jeté·e·s dans un tourbillon sans vraiment savoir ce qu’il allait se passer.

On parlait un peu du type de drag, que Drag Race à pu créer.
Est ce que vous pensez qu’en France on a réussi à sortir de ce moule là ? D’un drag un peu codifié ?

Hitsu
Je pense qu’on a bien montré qu’il y avait tout type de drag, surtout qu’en France on n’est pas non plus connu·e·s pour faire que des grands écarts dans tous les sens.

Drag Race France c’est très éclectique. On a tout type de drag. Évidemment, on pourrait en avoir encore plus, mais par rapport à des saisons américaines, franchement, on n’a pas trop à se plaindre.

Freya
Je suis d’accord avec toi, mais dans un sens, même si je ne veux pas faire de généralités, je trouve que les gens sont assez demandeur·euse·s de ce côté américain. En tout cas, des conversations qu’on a pu avoir à Bordeaux ou même ici sur Paris, les gens ont parfois du mal à séparer le drag américain – qu’iels pensent être l’archétype, le goal, l’objectif qu’on doit toustes viser – d’un drag plus éclectique.

Au final, je pense que Drag Race France, que ce soit la première ou la deuxième saison, a réussi à montrer que tout ce que le drag français pouvait offrir.

Moi, on me dit souvent que je fais très américaine, parce que je danse. Donc je ne peux pas dire “on veut que de l’alternatif”, ça serait hypocrite.
Mais c’est Bordeaux qui m’a appris ça. Le côté très queer, plus libre, ça m’a vraiment, élargi les possibilités du drag. Et je crois que Drag Race l’a bien montré.

Elips
Oui oui, je suis assez d’accord sur la saison un et la saison deux je trouve qu’on est des profils extrêmement différents, avec des univers artistiques très différents aussi. Et ça, c’est super.

Après, Drag Race France et Drag Race en général, ça manque de créatures, ça manque de club kids, ça manque de drag kings, évidemment, et ça c’est dommage.
Je pense que France aimerait bien mais que l’Amérique se garde peut-être le droit de le faire en premier.
Il y a évidemment des enjeux suivant les franchises et la franchise américaine veut peut-être être motrice des avancées dans le milieu.

Je pense qu’on a de la chance d’avoir eu des casting aussi divers, des propositions artistiques qui sont très diversifiées.

Hitsu
Oui, et il y a beaucoup de gens qui pensent que le format Drag Race n’est pas adapté pour comparer les kings, les queens et les queers.
Mais ça a été très bien fait dans une autre émission qui s’appelle Dragula, où iels ont invité un king à participer – qui a gagné haut la main – et ça ne gêne pas du tout le concours.

Quand on me dit “je ne vois pas de King dans l’émission parce que tu peux pas comparer, l’émission n’est pas adaptée pour ça.”. Si en fait, on peut complètement comparer. Le genre n’a pas à interférer dans le challenge. C’est très bizarre dans une émission et un métier où on joue avec le genre de se bloquer comme ça.

Peut-être que les États-Unis se gardent le droit de le faire ou de dire non tout simplement.

Freya
Il me semble que la première femme cis c’était dans Drag Race UK. Peut-être qu’iels veulent que ça soit, en effet, une plus grosse franchise qui donne un peu le La pour qu’ensuite les autres suivent.

Léo
J’ai envie d’y croire. N’importe quel runway peut être interprété au masculin.

Elips
Totalement. Et puis, quand bien même il y aurait un runway où ça ne correspondrait pas. On adapte, on l’enlève et on trouve un autre thème adaptable pour tous les styles de drag.

Léo
Aux US, iels ont déjà fait des thèmes de runway plus “masculins” aussi.

Hitsu
Iels avaient fait “femme à barbe” aux États-Unis. Parce qu’aux États-Unis déjà, avoir une barbe, c’était pas arrivé avant que Milk le fasse. D’ailleurs, il n’y a jamais eu de drag à barbe comme Bertha ou Piche ou à moustache comme moi.

Léo
Tout comme il n’y a jamais eu de meuf cis.
Vraiment, aux US ils sont un peu à reculons sur le fait d’avancer. Les personnes trans ça a été très long.

Hitsu
Il a fallu qu’il y ait des drama pour qu’il y ait eu des femmes trans, en fait.

Léo
Mais c’est cool de se rendre compte qu’on a quand même une émission qui est vachement plus open en France, et qui n’a pas peur d’aller taper un peu là où ça gratte.

Elips
Oui, totalement.
Après, en même temps, la version américaine ça fait quinze ans qu’elle existe. Il y a quinze ans en France, je pense qu’on était pas au top, non plus – et je pense qu’on est toujours pas au top maintenant. Mais c’est hyper positif ne pas avoir peur en fait, parler de transidentité, d’avoir des personnes trans dans l’émission et plein de profils divers.

Léo
Rien que le fait qu’iels aient pris la décision délibérée, conjointement avec elle, de ne pas flouter les seins de La Briochée quand elle se change, c’est génial. Il y a beaucoup de franchises, beaucoup d’endroits dans le monde, où iels l’auraient fait.

Elips
Et même quand on voit sur les réseaux sociaux, sur Instagram que des seins sont censurés et que des pectoraux ne le sont pas, c’est aberrant, il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Freya
Oh oui ! Mais bon, on est là pour ça, les précurseur·e·s, les queers.

Léo
Mettre des coups de pied dans les portes,

On arrive sur la fin de cette rencontre. Est-ce qu’il y a des questions dans le public ?

Personne du public
Bonjour, merci pour la table ronde, c’est super intéressant. Je veux juste revenir sur l’épisode d’hier et l’épisode de la semaine dernière au niveau du tout le backlash auquel on a pu assister sur les réseaux sociaux. Est ce qu’on vous prépare pendant l’émission à cette vague de haine potentielle, ou pas du tout. Est ce que c’est attendu aussi ?

Elips
On ne nous prépare pas vraiment à ça. Après, sur la saison une, on ne savait pas trop ce qui allait se passer. On ne savait pas si ça allait fonctionner ou pas.
Et je pense que les haters étaient peut être moins nombreux·ses, vu que c’était le début. Il y en a eu quand même, mais pas aussi virulent·e·s.

Par contre, on a une psychologue qui est là. Si on a besoin de l’appeler, on peut l’appeler à n’importe quel moment. On a son numéro. On a quand même cette possibilité qui est importante.

C’est vrai que là, sur la saison deux, il y a quand même énormément de haine. Dès le premier épisode, mais surtout là depuis hier, ce qui est absolument inadmissible.

Je ne comprends pas comment les gens peuvent être aussi impliqué·e·s de façon nocive et négative dans un concours et une émission de divertissement. Ça m’échappe vraiment.

Freya
J’ai pas fait Drag Race, mais je vais dire ce que je pense quand même. (rires)
C’est vrai que c’est inadmissible de voir ça sur les réseaux sociaux.

Je pense qu’il y a un phénomène dans ce genre d’émissions de divertissement où les gens ont l’impression de faire partie de la dynamique.
Comme si on était toustes dans une bulle. Et que quand on soutient une drag et qu’on voit un peu nos valeurs ou nos convictions mises à l’épreuve, ça prend au cœur. C’est bien. Ça veut dire que ça touche les gens. Mais ça ne justifie pas ce genre de comportement.

Les gens prennent ça aux tripes et ils oublient que derrière les paillettes, c’est des ego, qu’on se construit là dessus, on est des êtres humains et tu te dis “il faut pas que je lise les commentaires” cinq minutes plus tard tu regardes les commentaires parce que t’as envie de savoir.

Léo
N’oubliez pas qu’il y a des personnes derrière les drags, il y a des personnes dans vos écrans. Amenez vos potes qui aiment Drag Race, voir des shows.

Faites le.

Moi, c’est un truc que j’ai mis longtemps à comprendre. Déjà parce que j’étais une petite personne queer toute timide et je n’osais pas aller voir un show tout seul.
Mais une fois que je suis rentré dans ce milieu, ça n’est que devant du drag, frontalement, que tu comprends ce que c’est vraiment.

Personne du public
Bonjour, je voulais rebondir sur ce que tu viens de dire, parce que moi je suis arrivé dans l’univers drag via Drag Race. Et oui, Drag Race ça montre un type de drag. Mais, je pense que quand on regarde, on regarde aussi en conscience, on sait que c’est un casting, un concours, une sélection de gens qui ont été casté·e·s.

Mais du coup, j’ai commencé à regarder Drag Race et j’ai une pote qui vient ici, pour tous les shows depuis un petit moment et je suis venue avec elle. Et maintenant, j’adore les drag kings, je vais voir des shows.

Hitsu
C’est comme ça qu’il faut penser.

Léo
Ben moi le premier, quand j’étais en école de mode, on m’a dit “regarde Drag Race”.
Je ne sortais pas de chez moi sans porter douze centimètres de talons minimum et j’étais là : “Non, mais le drag, c’est bizarre”. Alors que bitch look at yourself, quoi ! (rires)
Mais cette émission est hyper positive pour ça. Je pense que toustes ici, elle nous a aussi beaucoup aidé·e·s, même avec notre propre identité, que ce soit à la ville ou à la scène.

Elle a un pouvoir, elle a un pouvoir fédérateur, elle a un pouvoir où, elle ouvre une porte à notre communauté, elle la rend plus visible, plus légitime. On ne peut que la remercier là dessus.
RuPaul et la franchise peuvent parfois avoir leurs torts parfois. Mais c’est une émission qui a quand même apporté énormément à la communauté et à l’art drag.

Freya
D’autres questions ?

Hitsu
Une dernière ? It’s now or never…

Léo
Eh bien on va se quitter là dessus. Merci beaucoup d’avoir été là.
Merci.

Merci beaucoup de nous avoir répondu toustes les trois avec plaisir.
C’était trop cool. On se retrouve pour la Blue Velvet dans quelques temps.

Hitsu
C’est gentil de m’y convier

Freya
Ah oui, c’est vrai qu’il y a ça !

Hitsu
Oui, c’est pas fini !

(rires)

Outro – Léo
Merci d’avoir écouté cet épisode. J’espère qu’il vous aura plû.

Oh Wow!! est un podcast indépendant. Alors, la meilleure façon de le soutenir c’est d’en parler autour de vous et de nous suivre sur Instagram.

Et en attendant le prochain épisode, c’était Leo Tremaine, et je vous envoie du love.

 

Intro – Leo
Hello everybody! Leo Tremaine here, and welcome to Oh Wow!! the podcast where I meet those who make my heart and voice quiver.
I’m so happy to be back! So happy to restart this adventure with you. I’ve prepared many things: from new topics, to amazing guests and loads of surprises.

To start this second season, I wanted to go back in time a little and to share with you a talk I had the pleasure to host in Ground Control a few months back.

Let me set the scene:
July 2023, the second season of Drag Race France is well underway – 4 episodes have aired – and we’re about to host the monthly drag show that I produce with HitsuBlu called Blu·e Velvet. On stage with me : HitsuBlu, Freya Kor, a drag queen from Bordeaux and Elips, a contestant from Drag Race France season one, also coming from Bordeaux.
Together we are here to talk about what impact Drag Race France had on the local drag scene.

This episode was recorded in front of a live audience.
And it goes something like this:

Léo
Hello, Hi, Ground Control!
I’m so happy! Thank you all for coming to listen to our little chat.

What are we going to talk about?
Drag, of course. But more precisely, Drag Race France and how it impacted the local scene.
To address this I asked some very special guests to join me: HitsuBlu, Freya Kor and Elips!

HitsuBlu
Thank you for having us

Elips
Good evening everyone

Freya
Yes! Hi!!

Leo
So Drag Race is a big machine: 15 seasons in the US, a dozen franchises around the world, 2 international shows, countless tours and now 2 seasons in France. Such a phenomenon has of course inspired many people to try their hand at drag.

Was it the case for you three? Did you discover the art of drag through drag race? Or was it something you were already familiar with?

HitsuBlu
I was familiar with drag artists before Drag Race. Then I discovered Drag Race. Then, I forgot about it. (they laugh)
At the time I used to download – absolutely legally – Face off, which is a makeup competition – and I ended up with an episode of Drag Race. I was like “oh cool, tranies” and went on with my life. I went back to the show years later.

At the same time, I discovered the parisian scene, and that’s what gave me the urge to do drag. It got me thinking, I can do it too, but it took me quite some time to start performing.
And here we are.

Elips
I think I knew of drag before the show, without calling it drag per say. From films and shows, where characters were doing drag, but the word was never really used.

Afterwards, Drag Race helped me understand drag more in depth.
But it’s really going to drag shows in Bordeaux that got me into it and made me want to give it a try.

Freya
My story is a little different. I grew up near Paris, in sensitive areas.
When I was little, there was nothing queer around me. So I really discovered drag through Drag Race. I truly am a Drag Race baby. I think the first season I ever saw was the 6th or 7th – 7th is still the best, if you ask me.

So, yeah it was the first time I ever saw drag queens. I come from a very unqueer family. Let’s just say that “open minded” is not a word I’d use to define them.

So Drag Race was really a starting point. It made me want to see go shows and stuff. But at that time I wasn’t out, I was dating a girl… Still a long way to go. But in the end, here I am.

Leo
How did you feel when they announced the casting for the first french season? Was it scary?

Elips
I was not scared for french drag. I felt like it could be a good platform to make this underground scene more accessible. The only thing that scared me, was how well it would be done, and was I going to audition.

Freya
So what made you send a tape, if you were not sure about the quality of the show?

Elips
I thought about it and in the end it was too much of an opportunity to pass. I wanted to showcase my work, to evolve artistically. Whatever happened, I knew it would be good for me to see the whole process, how it worked, from the casting to the tapes. I had nothing to loose.

HitsuBlu
To be honest, I found the thought of the show coming to France quite scary. I was scared that the Drag Race girls would get all the gigs. Which kind of happened at first. When it became clear that I wasn’t casted, I got some calls where I was told “oh, you’re not on the show, so we’re going to book someone else, someone who is”.
It was hard to hear. But we have a beautiful community here in France. We’re all smart enough to do things well and to try to create opportunities that will profit everyone and not just a TV channel.

Leo
The show has indeed created many opportunities for its contestants.
We just saw the trailer for the new Walking Dead show with Paloma (the winner of Drag Race France season 1) in it. That’s unexpected. A french drag in an american show, related to such a huge franchise.
Elips, do you feel like the show opened a lot of doors for you girls?

Elips
Yes! It was indeed crazy to see Paloma star in such a show. Unbelievable.
A queer artist, a drag queen, a french drag queen, that we know… in The Walking Dead.

The show gave us opportunities that I had never dared to dream of. Like performing at the Victoire de la Musique or the Molières.
And it’s so important to have queer representation in those ceremonies. Yes you have a few queer artists there, but its mainly straight people both in the room and watching at home. So even if it’s for a few minutes, it can help shift the way people see us.

On top of that, the tour is an amazing experience, being able to live from my art is simply the dream.

Leo
What would you say are the stakes for a show like Drag Race in France? Shedding a light on the art of drag, is already something of course. But what would you want to see the show accomplish?

Freya
What they’ve already achieved in both seasons is to spread tolerance and to feature the battles we fight daily. Since the start of season 2, they already talked about conversion therapy, transidentity, even depression, which something we don’t talk about enough in our community.

And to be able to share that, to express it freely, to put it into words, and to help younger generations that might go through some of it… doing all this on national TV, that’s a blessing.

HitsuBlu
It’s all done very respectfully. You can see that the team beyond the show want to do things well, to respect the artists and all of our communities.

Of course, there’s some editing, things can be added or discarded. But at the end of day, you can feel the authenticity. Nothing seems forced. So it’s more impactful for people who might not be concerned. Because for those who are, it’s nice to hear, but what is really important is that those who are not concerned start to understand what we go through.

Leo
That’s why Drag Race is so powerful. That’s why drag shows are so important.
When we talked about putting together a drag show here – we did it because it was where HitsuBlu did their first performance – but most of all because Ground Control is such a plural place, with so many type of people. It was a way to bring drag directly to people that were not familiar with it. That’s so important.

Elips
Absolutely, Drag Race is both light and entertaining while tackling very deep topics.
And that’s exactly what a drag show is. We are here to put on a show, to entertain, but it’s also very political.

Leo
I have the feeling that there is two kind of drag fans. On one hand you have those who love drag as an artform, and those who stan Drag Race, which is a show with very precise codes. So you are quite often faced with people that expect very specific things out of drag artists.
Elips, is that something you felt after doing the show?

Elips
I don’t know. I really depends on who you are talking to.
It’s very obvious when you are talking to someone who only knows Drag Race. Because, yes the show carries some strong stereotypes.

Many Drag Race fans, don’t know that drag kings exist, which tells me that there’s still a lot of work to be done.

HitsuBlu
Maybe it’s more obvious when you haven’t done the show. Because Elips, you must get a mix of both crowds.

But the fans of the show tend to put the Drag Race girls on a pedestal and consider the others less talented. When you haven’t done the show you meet people that tell you that you haven’t got what it takes, that you look this drag queen from season X, that you are copying the girls from the show.

Freya
I’d even say that the whole show gets put on a pedestal. Many people view it as some sort of Eldorado.

I remember, when I told people I hadn’t auditioned for season one – cause I didn’t know what it would look like, who was going to be cast – being met with surprised looks. They did not get it.
I wasn’t ready. I didn’t have the money or the mental strength.

And now when I say that I might audition for season three, people’s faces light up and they go on about how “it would be amazing for you to get in, but I don’t want to see this drag or that drag on the show” and start comparing every artist. When it’s the diversity that makes drag so rich.

HitsuBlu
Not everyone is made for competitions.
It’s a TV show, but most of all it’s a competition.
Every hairdresser doesn’t enter every hairdressing competition, every florist doesn’t go to every floral show.
It doesn’t make you better or worse than anyone else.

It’s a stiff competition. It’s so hard. It demands a very specific mindset.
People tend to forget that behind every drag artist there is a real human, with their own issues. Humans who may not be able to carry over 3 weeks the confidence they put into a 3min performance. And that’s okay.

Freya
Should we talk about yesterday’s episode?
Have you all seen it? Have you seen Cookie (Kunty)? What happened on social media? The hatred she received?

HitsuBlu
Don’t go on twitter, it’s bad for you. Or just go on Twitter for porn.

And even if you’re told “well don’t read the hateful comments”, just knowing that they exist, and how bad it can get, it gets to you. Knowing that you are the target of hate, it’s so violent.
You have to be prepared – or to have a good therapist on-call.

Leo
It is said that Drag Race is the Olympics of drag, and the more time I spend with drag artists, the more we talk about the show, the truer it feels. You have to be prepared both mentally and physically. You need a good training.

The talent show only… I mean, you are asked to come with a talent, that you have developed, that is unique to you and that will stand out enough. When being a drag artist is already quite the talent.

Elips
Absolutely. And what people might not know is the timing of it all. You have a month to get ready for the show – including the talent show portion. So a whole season to create with something like 15 looks. It’s so intense.

And, no. It’s not made for everybody. Which doesn’t mean that someone is less than.
It just means that this is a competition, it’s hard. It’s so hard. So tiring. You get little sleep, you have to be ready.

With only a month to get ready, you put everything you need physically together. But you don’t get to prepare mentally.

Freya
And then you don’t stop. You shoot the thing, and then you take pictures of everylook, then the cast is announced, press conferences, the episodes air, you organize viewing parties and you go on tour. And you haven’t stopped for a minute.

HitsuBlu
Add to all this, the casting process… I mean, I didn’t go through the first step – so that’s that. But if you do, there’s a second one and then maybe a third.

At the end of the day, you’re spiraling in a whirlwind, rushing yourself, pressuring yourself, because you want to show the best you have to offer both in and out of drag.
It’s not just drag, you have to be a TV character. If you only have dull people, the show will never work.
It’s more than just a TV show, you start the casting process in October and finish touring in October a year later.

Freya
Back in January, before the filming of season 2 started, I ran into Piche at Kryolan.
You should have seen her. She looked exhausted.
I mean… it’s miss Piche, she always looks amazing.
We hugged and talked a little, she expressed how tired she was and thought “wow! that’s how taxing it is”.

And maybe that’s also the thing that pushes you at some point. But I think I’m not mentally equipped at the moment.

Elips
You need the stress and exhaustion to be a driving force, but sometimes it just drags you down. During the whole preparation, I found myself balling my eyes out, wondering “why am I doing this?! I’ll never be able to do it all”.

That’s when you need a good support system.

Leo
Furthermore, since you were the first generation of queens to do the show in France, there was no one to tell you how hard it was going to be.

We were talking about the Drag Race coded type of drag.
Do you feel that we got out of this mold in France?

HitsuBlu
I think that we did show that there are many types of drag, especially in France, we are not known for doing only kicks and splits.

Drag Race France is very eclectic. There is something for everyone. Of course we could have even more diversity, but when you look at an American cast… we’re good.

Freya
Agreed, but in a sense – and I don’t mean to generalize too much – but people are kind of asking for that american type of drag. Many people both in Paris and Bordeaux have a hard time understanding that there’s more than those stereotypes – that they view as a goal, a bar set for everybody.

In the end, I think that both seasons of Drag Race France have succeeded in showing everything French drag can offer.

I’m often told “you have that American vibe” because I dance a lot, so it would be kind of hypocritical of me to be like “we only want alternative drag”. But Bordeaux has shown me a more free, more queer side of drag. It really broadened my horizons. And I think Drag Race showed that too.

Elips
Yes, definitely, they featured very different people and artistic universes. Which is amazing.

Yet, Drag Race France and Drag Race in general, still miss drag creatures, club kids, drag kings, obviously, and that really is a shame.
I think France would be willing, but the US team is holding on to the right to do it first. Of course, to each franchise its stakes, but the american franchise might want to be the one driving changes.

So we are lucky to have such diverse casts, here.

HitsuBlu
Sure, and still many people think that the competition is not fit to compare kings, queens and queers. But Dragula showed us it’s possible by inviting an amazing king on the show – who easily won the season.

I get mad when I hear “I don’t think a king could do Drag Race, there’s no way you could compare them to queens”. Yes there is. Yes you can. It’s so weird to me that in a show, in an art form, where we are constantly playing with gender, we are still having those conversations.

Freya
I think the first cis woman to be featured was on Drag Race UK. Maybe they just want a bigger franchise to be the first to do it, and only then will the others be able to follow.

Leo
I hope so. Anyway runway theme could be approached with a more masculine point of view.

Elips
Definitely. And even if there was one theme where you couldn’t, then you adapt it, you change it, you find something suited to all sorts of drag.

Leo
In they US they have already done more “masc” themes.

HitsuBlu
Yes, they had a “bearded lady” runway. Because in the US, no one had worn a beard before Milk, and still to this day they haven’t had a bearded contestant in the US.

Leo
Just like they haven’t had a cis woman in the US, and it took them soooo long to have transgender people.

HitsuBlu
They literally waited to have a whole backlash on their hands to cast trans people.

Leo
It’s nice to realize that we have a very open French show, that’s not scared to push the limits a little.

Elips
Absolutely.

Still, the US show is 15 years old. I think that 15 years ago in France we were not there at all, and still aren’t today. But it’s amazing to be able to talk about gender and to have such a diverse cast.

Leo
The fact only, that they decided – with her blessing – to not blur La Briochée’s tits is awesome. There are many places in the world where they would have.

Elips
To think that on instagram, they still censor women’s nipples and not men’s. There still so much work to do.

Freya
That’s why we are here.

Leo
We are reaching the end of our moment together.
Is there any questions in the audience?

Audience member
Hi, thank you for this talk, it’s very interesting. I just wanted to go back to yesterday’s episode and the whole backlash that ensued. Do they prepare you to face this king of hate? Is it expected?

Elips
I think nothing prepares you to this. With the first season, we didn’t know what to expect, really. We didn’t know if the show was going to work at all.
Maybe there were less haters because it was new. We still had our fair share, but not that harcode.

However, we do have an on-call psychologist, if need be. We have their number and we can reach them whenever. It’s such an important support, just knowing that you can helps.

With season two, the hating has been unbelievable. Since the very first episode.

I don’t understand how people can be involved in such a harmful way into a tv reality competition. I really don’t.

Freya
I’m not on Drag Race, but still, I’ll say give you my opinion on the matter. (laughs)
It’s truly unacceptable.

With this kind of show, people feel like they are part of the dynamics. Like if we were all in this bubble. And when you support a drag and you see your values and believes being challenged, it hurts. Which is fine. It shows you care. But it does not make it okay to go and hate on people online.

People forget that under all the glitters, there are people, that are actually growing with this moment, human beings. And even when you tell yourself “don’t read the comments”, five minutes later you are looking at the comments because you need to know.

Leo
Don’t forget that behind every drag artist, there’s people, and bring your friends who love Drag Race to actual drag shows.
Seriously, do it.

I know it took me a while to get it. I was a shy little queer thing who was afraid to go to a drag show on his own. But once you get there, once you get confronted to drag physically, that’s when you truly understand what drag is.

Audience member
Hi, I wanted to react to what you just said. I discovered drag through Drag Race and yes, it does present a certain time of drag. I believe that you watch the show knowing that there was a casting, that those artists were selected for a tv show.

My friend has been coming here for every show and so I came with her. And now I love drag kings and I go to a lot of shows.

Hitsu
That’s exactly the way to go.

Leo
Even I, when, back when I was in fashion school, I was told that I would love Drag Race. At the time, I didn’t leave the house if I wasn’t wearing 12cm heels and I was like “I don’t know… Drag is weird”. I mean, bitch look at yourself. (laughs)
But that’s what is amazing with Drag Race. I think that it all helped with our identity, on and off stage.

It’s a powerful show with quite the universal message. It opened so many doors for our community, it put a light on us. That’s something we can be thankful for.
RuPaul and the franchise can have their share of wrongdoings, but what they did for drag and the whole LGBTQIA+ community is undeniable.

Freya
Other questions?

Hitsu
A last one? It’s now or never…

Leo
We’ll end on that note then.

Thank you so much for having been with us.
Let’s have a drink and we’ll be back for the Blu·e Velvet


Outro – Leo
Thank you for listening to this episode. I hope you liked it.

Oh Wow!! is an independent podcast. So, the best way to support us is to talk about it and follow us on instagram.

Until next time, I’m Leo Tremaine, sending you love.

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